J’ai vu (sur mon ordinateur, en différé grâce au système Pluzz.fr qui permet de revisionner pendant une semaine les émissions de France Télévision ratées lors de leur diffusion… très pratique quand on est plus devant son écran d’ordi que de télé, comme moi), le numéro du magazine « Empreintes », le documentaire de Mark Kidel, consacré à la peintre Fabienne Verdier.
Si vous avez suivi ce blog, vous savez depuis le « Japanese trip » que j’aime la calligraphie (voir les posts « Les outils du calligraphe », « Le calligraphe et le jardinier », et plus récemment, « A même la peau »). Je me demande donc comment son travail m’a jusque-là échappé.
Fabienne Verdier, donc, est née en 1962. A vingt ans, alors qu’elle est une élève brillante des Beaux-Arts de Toulouse, elle décide de partir en Chine pour y apprendre la calligraphie. Elle débarque dans le Sichuan et partage la vie très spartiate des étudiants chinois, découvre et subit la méfiance et la surveillance constante des cadres du parti, la difficulté de communiquer avec ceux dont elle est pourtant venue recevoir l’enseignement, les lettrés, peintres, calligraphes, eux-mêmes surveillés et critiqués depuis la Révolution culturelle pour leur maîtrise d’un art qui ne répond pas aux codes du réalisme socialiste. Elle réussit à rencontrer et à bénéficier de l’enseignement de quelques vieux maîtres. Elle reste en Chine dix ans.
Elle a écrit son séjour dans son livre « Passagère du silence: dix ans d’initiation en Chine » paru en 2005.
Depuis, elle travaille, peint en France et ses œuvres sont reconnues, exposées à Beaubourg ou au musée Cernuschi à Paris ou à la fondation H. Looser à Zurich.
Il y a ses œuvres, donc. Qui sont, on ne s’en rend peut-être pas compte ici, des grands, des très grands formats, rien à voir avec une feuille de papier A4. Quelques exemples. Celle-là, en noir et gris.
Celle-là outre qu’elle est plus colorée, elle est plus rythmée, plus énergique.
Et celle-ci, en gris, noir et orange (des couleurs que j’aime).
Et les autres… Magnifiques. Comme est magnifique la peintre, dans son atelier, aux prises avec ses instruments, dont elle a « bricolé » quelques parties elle-même pour parvenir à la fluidité de mouvements qu’elle souhaite, eux-mêmes au service du rendu qu’elle cherche.
Énergie, regard, concentration, recherche, exigence, rapidité d’exécution, comme une spontanéité longtemps préparée…
… pour parvenir à des résultats magiques…
Et puis il y a son atelier…
Ses objets…
Ses carnets…
Et il y a ce qu’elle dit, par exemple les dernières phrases du documentaire, que j’ai notées à la volée : « Quand je peins un arbre, je deviens arbre ; quand je peins l’eau, je deviens l’eau ; quand je peins une tectonique ou une tellurique de la montagne, je deviens tectonique… et la chose naît d’elle-même, je la vis intensément, avec mon cœur, et elle apparaît par moments de manière abstraite, de cette manière-là… » « Le peintre est un chercheur. Il a besoin de se retirer du monde pour pouvoir s’extraire du temps des hommes pour rentrer dans celui de la méditation et il n’y a que le silence qui permet ça. »
Découvrez-la, elle, ses peintures, ses livres, son univers. C’est un beau, un très beau voyage.
(photos : Fabienne Verdier ; F. Verdier et son maître ; Œuvre 1 ; Œuvre 2 ; Œuvre 3 ; F. Verdier au travail 1, 2 et 3 ; F. Verdier dans son atelier ; ses objets ; ses carnets)
(Spéciale dédicace : Annie, pour le rappel opportun et le partage)