Un dimanche de début octobre, je suis allée au Prieuré Saint-Cosme, à La Riche, qui est un faubourg de Tours (je trouve ce terme désuet plus agréable que « banlieue », non ?). C’est dans les ruines de son église que repose le poète Pierre de Ronsard.
Bel endroit, au jardin couvert de roses au printemps (« Mignonne… »). J’y allais voir, non pas la rose, mais l’exposition d’Ernest Pignon-Ernest (il était temps, c’était le dernier jour) intitulée « Extases », huit représentations de saintes, exprimant leur relation au sacré et leur « extase » au sens mystique…
Ernest Pignon-Ernest, qui est un artiste plasticien né en 1942, a été un des pionniers de l’art urbain en France (voir son site ici). Au Prieuré, il a installé ses œuvres dans le beau réfectoire construit au XIIe siècle et restauré après-guerre.
Portraits de saintes célèbres, Marie Madeleine, Hildegarde de Bingen, Catherine de Sienne… ou moins connues, Angèle de Foligno, Marie de l’Incarnation… ayant en commun d’avoir laissé dans leurs écrits une description de leurs « extases » divines.
Huit femmes représentées dans une nudité simplement couverte de vêtements drapés, dans des moments d’abandon, d’exaltation, le corps tourmenté, presque torturé parfois, ou au contraire offert… ce qui n’est pas sans rappeler bien sûr un type d’abandon qu’on peut qualifier de moins spirituel, mais en est-on certain ?
Il faudrait détailler chaque portrait… Ici, celui d’Angèle de Foligno, ma préférée.
Les oeuvres étaient posées sur un sol recouvert d’eau qui les reflétaient délicatement…
… et elles s’harmonisaient avec le beau réfectoire qui les accueillait, notamment avec la « chaire du lecteur »… avec une oeuvre seule…
… ou plusieurs…
Étonnante et très belle exposition, dont le thème interroge, dérange presque, parfois, mais dont on ressort étrangement apaisé, comme si les extases de ces femmes, leur exaltation, leur soif d’absolu, nous avaient été rendues plus proches, presque plus compréhensibles par le travail de l’artiste, et ce qui s’en dégage de force et d’harmonie…
(photos de l’auteur)